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      Passionné de nature et de grands espaces, je me suis lancé au cours de l’été 2013 sur les traces de la panthère des neiges en participant au programme Panthera créé par Anne Ouvrard et chapeauté par l’ONG Objectif Sciences International. Depuis j’ai eu la chance d’y retourner à deux reprises, en 2014 et très récemment en 2016. 

      Ces expéditions participatives au cours desquelles les membres de l’aventure passent une dizaine de jours au cœur d’une réserve nationale du Kirghizstan, dans les hautes montagnes du Tien Shan en Asie Centrale, ont pour objectifs de relever des traces de présence (empreintes, grattages, fèces, poils) de ce magnifique animal sauvage, à la fois mythique (peu nombreux sont ceux qui ont eu la chance de l’apercevoir) et emblématique de ces montagnes sauvages, et surtout en grand danger d’extinction.

 

      Le suivi de cet animal repose essentiellement sur le relevé d’indices, sur des photos prises au moyen de pièges-photos disposés sur les lieux les plus propices au passage ou aux marquages de territoire. Des approches basées sur l’étude de l’ADN permettraient d’apporter des informations beaucoup plus précises sur le nombre d’animaux présents sur un territoire donné, sur leurs déplacements, sur les liens de parenté entre différents individus, des informations précieuses pour adapter les plans de gestion de ces espaces protégés et pour la sauvegarde de ces animaux et de leurs proies.

 

      Ces analyses sont faites à partir d’échantillons de fèces récoltés sur le terrain au cours de ces expéditions qui se déroulent tous les ans pendant toute la saison favorable (de mai à septembre). De telles études sur l’ADN ont été entamées avec l’aide d’un laboratoire canadien et par le biais d’une scientifique ancienne encadrante de ces expéditions, mais elles demandent d’être poursuivies et même davantage poussées, en particulier pour essayer d’estimer la diversité génétique de ces animaux confinés dans des territoires qui ne communiquent pas les uns avec les autres (la question de la consanguinité est une préoccupation cruciale pour la sauvegarde d’espèces en danger d’extinction). J’ai proposé de tirer parti à la fois des compétences et des moyens techniques disponibles à l’université de Poitiers, ainsi que du potentiel inestimable que représentent des étudiants enthousiastes, pour essayer de mettre en place ces analyses génétiques et ainsi pouvoir proposer ce service aux organisateurs de ces expéditions, voire lancer un programme de recherche sur ce sujet.

 

      Une étude pilote préalable destinée à la mise en place de ces techniques est nécessaire avant de se lancer dans la recherche de moyens de financement conséquents, mais même une telle étude pilote est déjà coûteuse et je suis heureux de voir que le groupe d’étudiants qui s’est lancé dans ce projet a pris cette question à bras le corps. J’espère que ces efforts porteront leurs fruits. Comme le disent les locaux « Za Panthera » (pour la panthère) !!

Thierry Bergès, professeur de génétique à l’Université de Poitiers

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